2 juin 2024

5 vétérans emblématiques sur le château d’eau

Général GALE

Général GALE

Sir Richard Nelson Gale, né le 25 juillet 1896 à Wandsworth et mort le 29 juillet 1982 à Kingston upon Thames (Grand Londres)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Gale obtient, en 1941, le grade de lieutenant-colonel à la tête du Royal Regiment Leicestershire (en), un bataillon territorial. Au cours de l’été 1941, il prend le commandement de la 1re Brigade de parachutistes (en) qui vient d’être créée dans le cadre de l’élargissement des forces britanniques aéroportées. En mai 1943, Gale est promu au grade de major-général et assume le commandement de la 6th Airborne Division nouvellement créée en vue du débarquement. C’est à la tête de cette unité qu’il est aéroporté en Normandie pour protéger le front est des plages de débarquement.

 

En mai 1943, élevé au rang de Major Général, il prend la tête de la 6e Division Aéroportée qui se constitue. Il lui reste donc juste un an pour préparer le jour J, ce qui ne sera pas simple, avec l’envoi d’unités en Sicile et en Afrique du Nord. Il y parviendra malgré tout, constituant, en plus des unités parachutées, des unités transportées par planeurs ; et ce malgré la pression qui pèse sur ses épaules : c’est la première fois qu’une division aéroportée britannique engage le combat ! Lui-même atterrit en planeur dans l’aube du 6 juin.

 

Entre 1946 et 1947, Gale obtient le commandement de la 1re division d’infanterie britannique au Moyen-Orient, et, en 1948, il est nommé officier général commandant les troupes britanniques en Égypte. Entre 1952 et 1957, il est promu commandant en chef de l’Armée britannique du Rhin et du groupe d’Armée nord des forces terrestres alliées en Europe. Il prend sa retraite en 1957. Mais au début de 1958, il est rappelé au service de l’OTAN pour remplacer le maréchal Bernard Montgomery en tant que vice-commandant suprême des forces alliées en Europe. Il prend sa retraite définitive en 1960.

 

Le 29 Juillet 1982 , du Général Sir Richard Gale ,Fondateur et Président, de l’Aspeg , musée privé « Musée de Pegasus bridge & Batterie de Merville  » décède à l’âge de 86 ans . Sa fidélité pour ses hommes et les civils qu’il a connu au cours des sombres moments, est intacte malgré ses hautes fonctions et le temps.

 

Emile CORTEIL et Glen

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 la 6e division aéroportée britannique saute sur la Normandie en arrière du secteur Sword. Parmi les parachutistes figurent le soldat Emile Corteil et son frère d’armes à quatre pattes, Glen.

Pour faciliter le débarquement allié sur Sword Beach, le 9e bataillon est parachuté le Jour J aux alentours des 4 canons de la batterie de Merville. Ce point fortifié est une véritable menace pour l’infanterie qui posera le pied sur la plage, les paras doivent donc le neutraliser au plus vite. Parmi la troupe d’assaut se trouve un binôme bien singulier : le maître-chien Emile Servais Corteil, 19 ans, et Glen, son berger allemand.

Le jour J les largages ne se passent pas comme prévus, et comme pour nombre de leurs camarades, Emile et son chien manquent leur zone d’atterrissage. Le vent les porte jusqu’au sud de Cabourg, à une quinzaine de kilomètres de leur objectif. À Varaville ils retrouvent le Brigadier Général James Hill, commandant la 3e Brigade, ainsi que 38 paras du 9e bataillon de parachutistes. Après un rapide point, le groupe se dirige vers le nord-ouest, direction Merville.

Mais les heures avancent et l’infanterie va bientôt débarquer sur Sword Beach. Les paras progressent aux abords d’un chemin lorsque vrombissent à l’horizon des avions alliés. La Royal Air Force doit sécuriser la zone et empêcher tout mouvement ennemi. Les pilotes britanniques prennent les paras pour des allemands. La méprise est terrible, les bombardiers lâchent leur cargaison meurtrière sur la cohorte du Brigadier Hill. La poussière se dissipe, l’officier évalue les pertes. Le bilan est tragique, seul le général et un para sont indemnes, les autres sont tués ou blessés. Emile Corteil et son chien Glen ne se relèveront plus. Mais la mission est prioritaire et Hill reprend sa route.

Des semaines plus tard alors qu’un groupe de GI est chargé de retrouver les corps des disparus, Emile Corteil est identifié au fond d’un trou d’obus. Sous son corps gît Glen, encore tenu en laisse par son meilleur ami, inséparables dans la mort comme dans la vie.

En dépit du règlement et grâce à la pression exercée par ses compagnons d’armes auprès des instances militaires, Emile et Glen furent exceptionnellement inhumés ensemble. Ils reposent tous deux au cimetière militaire de Ranville dans le Calvados, carré IA, rangée G, tombe 13, où il est écrit : « Had you known our boy you would have loved him too. Glen his paratroop dog was killed with him. » (Si vous aviez pu connaître notre fils, vous l’auriez aimé vous aussi. Glen son chien parachutiste a été tué à ses côtés.)

 

Terence OTWAY

Terence Brandram Otway est né au Caire, le 15 juin 1914. Alors que son père se bat en France sa famille s’installe d’abord en Irlande, où il passe son enfance, puis la famille part pour la Grande-Bretagne et le jeune Terence commence alors sa scolarité. Atteint de coqueluche en 1923, son état de santé le contraint à rejoindre Douvres pour se soigner, où il termine ses études secondaires en 1932.

En janvier de l’année suivante il est accepté à l’Académie royale militaire de Sandhurst, au terme de ses études il se classe 18e sur 200, et obtient le grade de sergent. Son classement lui permetait de servir dans l’armée des Indes, mais il préfère rejoindre le 2nd bataillon des Royal Ulster Rifles de Gravesend. En 1935 il est affecté au 1st bataillon basé à Hong Kong. Promu lieutenant en été 1937, il se retrouve à Shangai et perd une vingtaine de ses hommes lors d’un bombardement de l’armée japonaise. Nommé officier de transmission la même année il sert à Rawalpindi ( dans la province du Penjab). En 1939, il épouse Stella Whitehead en première noces, puis divorcé il se remaria par la suite deux fois.

En 1940, Otway est promu major et servira au ministère de la guerre en tant qu’officier de liaison de 1942 à 1943, puis réintègre le Royal Ulster Rifle (rattaché à la 6th Division aéroportée) en qualité de capitaine. En août 1943, il est affecté au 9th bataillon de parachutistes et promu lieutenant-colonel en avril 1944. Peu avant le Jour J il est chargé de dresser un plan d’attaque, pour la neutralisation de la batterie d’artillerie de Merville. La légende veut alors qu’il se soit fait volontairement enfermé dans une pièce contenant une maquette exacte de la position allemande. Quelques heures plus tard son plan est terminé, utilisant toutes ses qualités tactiques, Otway met sur pied un plan d’une incroyable complexité avec un timing serré. Malheureusement dans la nuit du débarquement tout ne fonctionna pas  comme prévu. La plupart des 750 hommes qui avaient sautés étaient totalement dispersés dans les marais de Varaville, et les planeurs transportant le matériel lourd et de déminage étaient manquants. Ne regroupant que 150 soldats il se lança à l’assaut de la batterie et parvint à faire taire les canons allemands et dû faire face à deux contre-attaques d’un régiment de la 21e PzDiv. Sérieusement blessé par un éclat d’obus d’un tir ami deux jours plus tard, il fut transféré dans un hôpital militaire de Cardiff, où les médecins le déclarèrent inapte à retourner en première ligne.

Otway fut décoré du Distinguished Service Order (DSO) en octobre 1944 pour son action héroïque de Merville : à cette occasion il déclara que son « indifférence totale pour le danger avait été une source d’inspiration pour tous ses hommes ».

 

Lorsque en 1993, il rencontra le commandant de la batterie de Merville il n’eut pas le cran de refuser la main tendue par son ancien ennemi, mais expliqua après coup qui’il ne pouvait pas    oublier ses hommes tués par l’ennemi alors qu’ils étaient accrochés aux arbres. Au cours d’une visite sur le site de la Merville il siffla également des pique-niqueurs installés sur la batterie devenue un mémorial en leur disant  << Je ne supporte pas que des gens mangent où mes hommes sont morts! >>.

Honoré tous les 7 juin, par la commune de Franceville-Merville, il dévoila son buste en bronze en 1991. Son nom fut donné à une rue de Merville et il reçut la Légion d’honneur en juin 2001. Terence Otway est décédé le 23 juillet 2006.

Brigadier James HILL

Stanley James Hill Ledger, de son nom complet, est né le 11 mars 1911 à Bath dans le Somerset. Il passe ses études au Marlborough Collège, puis à la Royale Military Academy de Sandhurst. Le jeune diplomé intègre l’armée en 1931 dans les Royal Fusiliers, un régiment que commandait son père. Très bon athlète, James fait partie de l’équipe régimentaire de sport excèlant dans la boxe et les courses à pieds, il obtiendra le sobriquet de « Speedy » en référence à ses grandes foulées.

Le jeune officier reçoit le commandement la 3rd Parachute Brigade, et le 23 avril 1943 cette unité sera rattachée à la 6th Airborne Division.

Pendant la nuit du 5 au 6 juin, James Hill saute en Normandie mais se retrouve séparé de du gros de sa brigade, mélangé avec des  éléments du 1er bataillon canadien parachutiste et du 9e du lieutenant-colonel Otway, dans les marais de la Dives. Il devra patauger toute la nuit dans les eaux stagnantes et dangereuses pour rallier Ranville où se trouve le PC du général Gale commandant la 6th Division. Hill sera blessé une fois de plus dans la matinée alors qu’il se trouvait avec des parachutistes du 9e bataillon, près de Sallenelles, accidentellement pris pour cible par l’aviation alliée. Pendant cette attaque 17 hommes sont tués et blessés. Bien que touché le brigadier Hill refuse  qu’on lui administre de la morphine pour la laisser aux hommes les plus grièvement atteints. Il fera pourtant son rapport au général Gale, pour lui dire que la batterie de Merville à été capturée après de violents combats et que tous les objectifs de la 3rd Brigade ont été atteints. Il sera opéré peu après, mais refuse son évacuation, il installera son PC au Mesnil.

 

Il fit le déplacement en Normandie en 2004 pour les commémorations du 60e anniversaire pour inaugurer sa statue en bronze grandeur nature, placée au carrefour du Mesnil, point central de la position défensive de la 3rd Brigade en juin 1944. La statue de bronze fut dévoilée par le Prince Charles, colonel en chef des parachutistes. Il restera comme un officier possèdant un courage à toute épreuve, respecté par ses hommes auxquel il communiquait son enthousiasme, dans les moments difficiles.

Le brigadier Hill s’éteint le 16 mars 2006, cinq  jours après avoir fêté son 95e anniversaire.

 

Sidney Franck CAPON

Sid Capon : Soldat engagé en 1942, il a 20 ans quand il est parachuté au dessus de nos terres. Il est un de ceux qui ont pris part à l’attaque pour la neutralisation de la Batterie, un de ces 150 hommes arrivés au point de rendez-vous… et il sera un des 75 survivants de cet inimaginable assault. « On avançait en zigzagant sous le feu croisé des mitrailleuses, on avait de la chance ou on n’en avais pas… » dira t’il plus tard.

Depuis le 50ème anniversaire de 1994 et jusqu’à sa mort en 2006, il n’aura de cesse de venir honorer ses compagnons d’armes à la Batterie de Merville pour chaque anniversaire du DDay.

Il était un esprit libre. C’est à l’hôtel Vauban qu’il prenait ses quartiers, en juin, chaque année sans exception.  On se souvient de lui, son crâne chauve, ses yeux bleus plein de tendresse et d’humour et l’affection qu’il portait à Merville et à ses habitants